Edito 2010

Bonne nouvelle, la musique vocale contemporaine n’est pas en crise.

Très nombreux sont les citoyens que la création d’aujourd’hui intéresse, passionne, interpelle ou dérange, comme par le passé.

Nombreux aussi les chœurs et les choristes qui se tournent le temps d’un projet vers la création.

Les créateurs enfin, artistes compositeurs sont de plus en plus proche du vulgum pecus, incarnés dans notre monde et notre temps. Débarrassés du souci d’un avant-gardisme terroriste, les compositeurs s’en trouvent libérés et se permettent la sincérité, s’autorisent les références au passé sans académisme, font échos aux cultures du monde sans se noyer dans un métissage indigent. D’autres sauront emprunter les voies de la recherche exigeante mais sans exclusive. Enfin, et c’est sans doute le plus important, tous renouent avec l’expressivité et cherchent plus ou moins consciemment à toucher les cœurs.

Avec l’ensemble 20.21., je souhaite participer à ce mouvement de démocratisation des cultures contemporaines. Par la pratique tout d’abord, puisque le chœur à vocation à accueillir les chanteurs en attente de répertoires d’aujourd’hui mais également en sollicitant les créateurs eux-mêmes par le biais de commandes. Je m’étonne toujours de la facilité de dialogue avec ces compositeurs dont l’ultime nécessité, bien au-delà des contingences matérielles, est d’entendre leur musique prendre vie, parfois avec difficulté, mais surtout avec un enthousiasme généreux. Tous les acteurs s’en trouvent grandis : le compositeur, l’interprète et le public. Je ne me leurre pas : le terme contemporain fait encore peur et (sup)porte en lui un héritage génétique dont nous nous passerions tous. Nos concitoyens, par goût ou par amitié se retrouvent ainsi Public et ne semblent pas s’en porter mal… Dédramatisons : la musique contemporaine n’est pas réservée à une élite initiée. Elle laisse au contraire à tout auditeur disponible le droit d’être touché ou non. Sans prétention propédeutique, j’essaie, lors de chaque concert, de donner des clés d’écoute afin que chanteurs et publics réussissent ce moment partagé.

Un autre élément important : la rencontre des autres arts ; je devrais dire d’ailleurs rencontre d’autres artistes car c’est bien de cela qu’il s’agit. Parce qu’ils sont nos contemporains, c’est par leur fréquentation quasi quotidienne que se construit la rencontre, la personne dépassant l’objet créé, contribuant ainsi, par empathie sans doute, au développement de l’autre. Nos expériences avec la danse et plus récemment le théâtre montrent que les lignes bougent, dans le respect des pratiques artistiques de chacun et dans l’acceptation de la mise en danger. Je souhaite poursuivre ces rencontres humaines et artistiques qui renforcent et enrichissent nos projets.

Pour sa 4ème saison, l’ensemble 20.21. vous propose, à travers des rendez-vous très différents, de faire un bout de chemin avec nous.

Cyrille Colombier

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